Animer un atelier, il ne faut pas attendre de savoir le faire pour se lancer ! Au troisième atelier vécu, osez, vous verrez !
Pour animer un atelier il n’y a pas besoin d’être auteur, il suffit d’être traversé par les questions de l’écriture. Lancez-vous, trompez-vous ! Car les erreurs sont de magnifiques tremplins de création. Les participants s’empareront alors de vos idées, et les transformeront pour, à leur tour, animer un atelier…
Points de vue d’Yves Béal
Dominique Grandière, (lire l’article « l’invention de l’atelier, métaphore de la création » )
Dans le temps de l’atelier consacré à l’écriture, l’animateur n’a à connaître que des productions des participants. Leurs défaillances, leur angoisse, leur plaisir ne le regardent pas. Ces petits incendies hors-texte qui peuvent parfois s’allumer en cours d’atelier, ne sont pas les objets de l’animation.
Une telle déclaration peut sembler une énormité dans un texte qui prend le parti d’éclairer l’atelier sous l’angle du sujet de la création. Précisément. C’est que la personne et le sujet, de l’écriture ou plus largement de la création, ce n’est pas la même chose. Je dirai presque que l’activité de l’une exclut le travail de l’autre.
Animer, donc, c’est d’abord échapper à la triple tentation du discours, de l’explication et de l’aide.Il ne reste à l’animateur pas grand chose à faire. S’occuper du temps, s’occuper des textes.
C.Rousset – Colette Charlet – Josette Minière (Lire l’article « les orientations de l’atelier d’écriture » )
Le risque à éviter est que les participants mettent l’animateur en position de maître ou s’enferment dans le confort de l’atelier. (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)
Michel Ducom (Lire l’article « Le pouvoir d’écrire » )
II me faut mettre l’écriture au centre de ce qui se passe dans l’Atelier afin que chaque participant puisse être en recherche, animateur compris. C’est de cette égalité de statut de chercheur que doit naître une commune volonté de libérer sa pensée dans l’écriture, en dehors de l’Atelier lui-même. Un Atelier n’atteint vraiment son but que si les gens reprennent pour eux-mêmes la bataille et le plaisir de l’écriture.
Les obstacles à lever sont cependant innombrables. II faut décider de côtoyer l’imaginaire, de heurter de front la terrible sentence « Je ne maîtrise pas, donc je ne fais pas » et la transformer en « Je ne maîtrise pas, donc je fais. J’ose. Avec les autres, certes. Mais JE fais. J’accepte d’être dans ce rapport de maîtrise non-inscrite qui préside à tout acte de création ou de construction de savoir ». (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)
Michel Ducom, (lire l’article « L’animateur d’atelier d’écriture doit s’assumer créateur » 2008)
L’animateur doit permettre au plus grand nombre d’accéder à une pratique d’écriture autre que celle qu’il connaît, viser une réussite à 100% dans la production écrite dans l’atelier. Mais il doit aussi être un créateur, un inventeur d’atelier, et capable de modifier en cours de route ou de « tenir le cap ». Son comportement est celui d’un metteur en scène de la situation d’écriture. Il doit veiller au groupe et aux individus, même pendant les temps d’écriture où lui-même écrit.
Patience et ouverture aux autres, capacité de s’étonner, rigueur, capacité de gérer les conflits d’idées sans blesser les personnes sont nécessaires pour favoriser les débats et rencontres « transversales », les conflits d’idées et d’écriture entre participants et aller le plus loin possible dans leur règlement (pacifique…).
Mais il est indispensable d’animer l’atelier sur un terrain exclusivement création, en aucune façon sur un terrain thérapeutique ou psy. S’il y a effets thérapeutiques ou psychologiques il faudra les confronter aux enjeux de création et aux buts de l’atelier et rappeler l’objectif de l’atelier et de l’animateur: élucider des processus de création, permettre à tous d’en faire l’expérience.
Odette Toulet (lire l’article « Un livre pour quoi faire » )
« Et pour ces ateliers quels animateurs ?
– des distributeurs de consignes ?
– des concepteurs de problématiques ?
– des gardiens de dispositifs ?
– des artistes sur la brèche de ce qui peut surgir en cours d’atelier ?
L’animateur et ce qui affleure ou déborde des zones souterraines. Il est bien connu que la poésie fait appel aux même processus que ceux du rêve, des mots d’esprit. Comment se situe l’animateur face à cela ? Quelles sont ses balises, ce qu’il croit devoir penser pour de bon ? Le dispositif ? Le projet ? » (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)
Dominique Grandière (Lire l’article « Evaluer l’écriture ? quel gag ! Disons… l’évoluer » )
S’il n’est pas nécessaire d’avoir vécu tel ou tel atelier pour s’en servir, il est sans doute très nécessaire d’en avoir vécu-je dirai de s’y être livré, pour se construire une véritable pratique d’animation. C’est à dire une pratique dégagée de la mécanique des consignes, libérée des repères concrets qu’elle se donne à priori comme garde fou du trac, suffisament libre d’elle-même pour se consacrer toute entière au réel de l’atelier, les gens et les textes. (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)
Alors je prends la plume afin de vous remercier de tout ce panel de mots éclairant un peu plus la lanterne de mon envie de donner envie d’animer un petit atelier avec humilité