Inventer un atelier d’écriture

La prise en compte de quelques invariants peut nous aider à inventer un nouvel atelier. Projetons-nous ! Tentons l’aventure !

Peut-on apprendre à écrire en écrivant ? (Yves Béal)

L’obstacle en écriture (Yves Béal )

Chercher les pépites dans les textes (Yves Béal)

Le temps
Michel Ducom (Lire l’article « L’animateur d’atelier d’écriture doit s’assumer créateur » , 2008)
La question du temps différencie aussi les ateliers. La durée est une composante de l’atelier qui fait contrat pour les adultes, qui les met en position de sécurité : ils peuvent accepter de se perdre: ils savent que l’atelier a une durée définie. L’animateur, garant de la durée, renforce ici sa position de cadre de sécurité qui préside à toute situation de formation et qui permet les explorations risquées. […]
Mais cette durée est en général mal gérée par les participants puisque les ateliers permettent la découverte d’un temps dont ils n’ont pas l’habitude : le temps de la pensée écrite. Dans les discussions il est fréquent d’entendre des témoignages sur la perte du sens du temps. 

Conscientisation/ débat
Michel Ducom (Lire l’article « L’animateur d’atelier d’écriture doit s’assumer créateur » , 2008 )
La conscientisation est création … brechtienne […]
Tout atelier isolé doit comporter une phase d’analyse des événements. Au cours de celle-ci, les pratiques de l’animateur ou des animateurs font partie des questions qui sont posées et qui permettent en étant partiellement ou totalement élucidées de former le participant à l’animation d’atelier. Il faut donner toutes les cartes, les soubassements théoriques aux interventions d’animateur, car elles sont à la fois constitutives des problèmes que rencontrent les écrivains et elles ont une dimension pédagogique.
Cette conscientisation peut se faire sous forme de débat, de recherche du groupe sur les difficultés rencontrées ou sur les raisons des moments d’accélération. Le travail de l’animateur consiste à souligner ou a susciter les points de vue différents des participants, mais aussi à dire ses propres intentions, et les distorsions qu’il a constaté depuis son rôle particulier.

l’étonnement
Michel Ducom (Lire l’article « Travailler l’étonnement dans les ateliers d’écriture » )
C’est toujours un grand plaisir pour l’animateur d’atelier d’écriture de voir des jeunes ou des adultes restaurer leur pouvoir d’écrire. L’étonnement, la fierté ou les inquiétudes des participants devant les textes affichés ou lus sont exactement les mêmes que ceux de bien des écrivains débutants…[…]
Que ce soit un plaisir régressif ou une jubilation de pouvoir – au sens « pouvoir faire », et dans tous les sens imaginables – le rapport à la trace est une forte expérience personnelle. Les arts plastiques ou la musique enregistrée en sont aussi comptables, comme la fabrication d’un meuble ou la production d’un théorème. Ce n’est pas « propre » à l’écriture, mais la situation est à prendre en compte, parce que parfois redoutable, ou narcissiquement dangereuse, ou facteur d’un plaisir intense, ou à l’origine d’un dégoût de soi incontrôlable… Nous sommes dans l’imaginaire de la trace. Le langage et l’ordre symbolique que nous manions si bien, ou si peu, nous échappe et prend les figures de l’autonomie. C’est moi mais cela m’est extérieur. Je croyais « faire » peu et j’ai « fait » beaucoup. L’animateur d’atelier devra veiller à ce que le sujet puisse « en dire quelque chose », qu’il puisse aussi en entendre quelque chose de différent proposé par les autres participants, sous peine de rester prisonnier de sa découverte. Il faut que chacun puisse accepter cette nouvelle situation qui est d’ordre imaginaire ou quelque chose d’inattendu est survenu dans ses propres codes si sûrs et si bien protégés.

Le collectif / Le sujet

Michèle Chademois (Lire l’article « A vos plumes tous » )
La démarche, le dispositif d’un atelier d’écriture, permettent de remettre en évidence qu’on n’écrit jamais seul, on écrit toujours avec ou contre des textes écrits par d’autres, même quand on se croit seul devant sa page blanche. (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)

Michel Ducom (Lire l’article « L’écriture est une forme de la pensée » )
Quand surgit le poème affiché en classe dans le couloir – vingt sept poèmes lus par des dizaines et des dizaines de lecteurs – quand la maîtresse de l’école maternelle renvoie aux 6ème les contes qu’ils ont écrit en disant ce qui a marché pour les petits et ce qu’elle voudrait comme suite aux histoires… (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)

Méryl Marchetti (Lire l’article « La création n’est pas la cerise sur le gâteau » , 2015)
Dans l’atelier de création, en conscience, le participant se découvre un problème –problème de forme plastique, d’agencement des sons les uns-par-rapport aux autres, problème d’écriture…– et il sait que la solution à ce problème sera celle qu’il décidera. Lorsque l’atelier fonctionne, le participant décide d’une solution qui lui apparaît elle-même comme un problème. Et tout l’enchaînement des consignes doit permettre de « garder une oreille sur l’inconnu.» C’est ce qu’on appelle le « sujet de la création ». Et sa spécificité, cette puissance critique que constitue l’acte cognitif de « garder une oreille » sur l’inconnu, en fait un sujet radicalement distinct des autres sujets.

Les étapes
Michèle Chedemois (Lire l’article « A vos plumes tous » )
Nos proposons toujours des phases d’écriture personnelle, des phases de « pillage » de ce qui nous intéresse dans les textes des autres, participants de l’atelier ou écrivains, afin de mener à bien la déconstruction et le re-travail du texte de chacun selon de nouvelles consignes qu’on peut se donner. La liberté consistant, comme dans la nature, à travailler sur des contraintes. Ainsi naît le plaisir de rencontrer les mots, (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)

Les ruptures
Josette Marty Minère  (Lire l’article « L’atelier d’écriture, lieu de rupture pour le sujet écrivant » )
La première rupture pour les sujets écrivants est dans cette rencontre avec les mots, matière première, et l’écrit prend sa valeur authentique d’objet construit comme tout objet créé par l’humain. La notion d’inspiration ne tient plus, car le sujet écrivant voit courir sa main sur le papier, des mots en appellent d’autres.
2ième rupture : derrière sa main, le sujet écrivant cherche sa tête, il est pris par le processus même d’atelier, de l’action d’écrire à la réflexion sur son écrit, dans une dialiectique de l’écrire et du lire où déjà L Aragon démasquait l’idéologie de l’inspiration. […]
Vers la troisième rupture…
Pour ce travail, l’existence de l’atelier d’écriture, comme lieu social, favorise le pillage, le plagiat, la lecture effervescente, la lecture écrémage. L’atelier provoque ainsi pour le sujet écrivant la prise de conscience des dires des autres, de ses dires. Dans cette prise de conscience, le sujet écrivant se découvre porteur d’un ensemble de discours intériorisés qui s’énoncent dans les codes culturels de son époque. […]
Vers l’ultime rupture…
Dans l’atelier d’écriture, le moment le plus important ets celmui de la discussion finale. Les écrits sont témoins d’une dynamique de création… à chacun de poursuivre, mais il y a des sujets écrivants. Certains s’étonnent de ce pouvoir d’écrire, d’autres contestent, et le rôle de la consigne, et celui de l’animateur. Moment difficile pour l’animateur car son but est de provoquer l’ultime rupture en s’emparant des prises de conscience des uns et des autres.
Provoquer le questionnement naît soit de l’étonnement, soit de la contestation. (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)

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