Descriptions d’ateliers

Vivre un atelier en direct grâce à Yves Béal

Pour ne pas rester sec et rebondir
Michel Ducom, Cahiers de Poèmes n° 72

Voici dix neuf départs d’ateliers. Il y en a des millions possibles. Mais avec ceux-là vous pouvez mettre en écriture une foule, un public de festival, deux cents lycéens d’un seul coup… avec un seul animateur !

Ces départs ont tous été utilisés lors d’une nuit de l’écriture, dans le Parc Régional des Landes de Gascogne. Une de ces nuits où 150 à 500 personnes, selon les années et le temps, envahissent une immense clairière au milieu des pins en plein cœur de l’immense forêt.

Ces départs –accompagnés ou non des rebondissements – peuvent aussi servir pour des ateliers moins festifs, plus pédagogiques… En fait non, ils sont destinés à transformer en fête l’activité pédagogique.

Pour ne pas rester sec…
Ecrire des mots pris dans la nuit. Entourer le mot qui vous plaît le plus, ou l’expression. Faire sur une feuille une liste de mots par associations d’idées. Ceci est pour vous.
Choisir un mot qui vous plaît.
Avec tout ou partie de ces mots, écrire un texte sur le mot ou l’expression qui vous plaît le plus. Attention, ne pas écrire ce mot ou cette expression. On devra le ou la deviner à la lecture qui sera publique. Ou bien vous le mettrez en titre…

Pour rebondir :
Affichage des textes. Choisir l’un d’eux, pas le vôtre. Essayez de deviner le mot ou l’expression dont parle le texte que vous venez de choisir. Ecrivez cette trouvaille sur une feuille de recherche, qui ne sera montrée à personne. Avec les lettres du ou des mots de votre trouvaille faites une liste la plus longue possible de mots composés des lettres de votre trouvaille, et d’elles seules. Vous pouvez répéter des lettres, enlever ou mettre des accents, et si un mot vous vient avec une lettre étrangère aux lettres de la trouvaille, il sera accepté. Vous n’êtes pas obligé d’utiliser toutes les lettres du mot écrit.
Avec tout ou partie de ces mots et de quelques autres, écrivez un texte sur votre trouvaille, mais attention, vous ne devez pas la nommer !
Affichez ce texte à côté de celui que vous aviez choisi, ou lisez-le…
Faites deviner à votre entourage les mots dont les deux textes sont l’énigme…

Pour ne pas rester sec…
« Tout corps plongé dans un liquide à tendance à remonter ou à se noyer. A peine sorti il sèche à une vitesse exactement inversement proportionnelle à votre impatience. »
Théorèmes : Vous pouvez vous aussi écrire des théorèmes amusants, des postulats, des définitions en géométrie, des lois de la physique hilarantes ou pleine de sagesse. Pour cela commencez à écrire comme vous le feriez pour un théorème véritable ou pour une loi et ensuite dérivez ou délirez.

Pour rebondir :
Pliez une feuille en quatre. Coupez-là en deux. Pliez, insérez les deux demi-feuilles : vous avez un manuel scientifique, ou mathématique. Inventez d’autres théorèmes, définitions, postulats, lois aussi aberrants, aussi amusants que lors de la première étape…
Ecrivez chaque loi, postulat ou théorème dans une page. Ecrivez pour chaque page une démonstration, ou inventez un corollaire, ou écrivez un exercice d’application ou plusieurs… Donnez un titre à chaque page. Si vous voulez vous pouvez écrire un poème ou un contre texte dans la marge… autre couleur conseillée…
Lisez, ne gardez pas cela pour vous !

Pour ne pas rester sec…
Vous pouvez écrire une histoire très courte dont la fin est absolument surprenante, inattendue, impossible.

Pour rebondir :
Insérez le portrait détaillé d’un personnage de votre histoire courte.
Insérez l’irruption d’un animal, d’une facture ou d’un imbécile.
Ajoutez une morale.
Ecrivez une contre-morale.
Terminez l’histoire par une phrase qui utilise un maximum des mots de la première phrase de votre histoire courte.
Allez boire un café. (Thé autorisé)

Pour ne pas rester sec…
Ecoutez autour de vous. Notez sans faire de différence tout ce que vous entendez, bruits ou conversations, comme ça arrive. Comme ça se mélange…A la fin, mettez votre grain de sel. Puis ne touchez plus à rien, vous avez un poème bizarre….

Pour rebondir :
Lisez-le dans l’oreille de votre voisin(e)
Demandez-lui quatre mots en écho à cette lecture.
Ecrivez ces mots et cherchez leurs nombreux contraires. Ecrivez-les.
A partir de ces contraires écrivez un texte.
A peine le texte terminé écrivez-en un autre, plus long, destiné à amplifier les échos du texte que vous venez d’écrire.
Choisissez l’un des deux textes pour le lire à tous ou l’afficher.

Pour ne pas rester sec…
Pensez à un Ancien de votre famille, un disparu depuis belle lurette … ce soir il voit la foule d’ici et il en parle…. Il parle de lui aussi…

Pour rebondir :
Un enfant passe et lui pose des questions d’enfant sur le monde d’aujourd’hui… Réponses… Nouvelles questions…
Lisez le tout à des gens chaleureux et attentifs, ou à votre percepteur. Si vous êtes percepteur écrivez avec un loup sur le visage.

Pour ne pas rester sec…
Prenez une feuille ou une brindille entre vos doigts… faite-là bruisser… écrivez les mots qui vous viennent en l’écoutant…. Puis parlez d’une amitié ancienne… mélangez tout cela…. Ecrivez.

Pour rebondir :
Parlez de vos questions d’aujourd’hui, des questions que vous vous posez et de celles que vous ne savez pas encore résoudre. Ecrivez, écrivez…Ne dépassez pas une feuille de papier. Quand vous avez terminé recherchez à nouveau une brindille ou un végétal. Touchez. Ecoutez, sentez, écrivez ce qui vous vient à ce propos.
Lisez le texte obtenu comme s’il avait été écrit d’un seul jet.

Pour ne pas rester sec…
Ecrivez un vers sur un élément du ciel
Un autre sur une toute petite chose que vous découvrez autour de vous
Un troisième c’est une phrase sur ce qui les unit ou sur ce qui les sépare
Vous avez fait un magnifique haïku…
Pour rebondir :
Faites l’inverse, écrivez dans le sens contraire de précédemment.
Lisez deux fois chaque haïku, pour mieux faire entendre l’écho de sa parole.

Pour ne pas rester sec…
Vous pouvez écrire un début de proverbe, proverbe véritable, mais la fin sera absolument surprenante, inattendue, impossible.

Pour rebondir :
Ecrivez l’origine de ce proverbe. Comment a-t-il été inventé ? Où ? Par qui ?
Le texte commence par : « en ce temps-là… »
En conclusions, quels autres proverbes inattendus ont-ils une origine comparable ?
Avec assurance, car c’est bien comme vous l’avez écrit que cela s’est passé…

Pour ne pas rester sec…
Il y a un moyen de vaincre la peur de la page blanche : Prenez-là entre les deux mains et … déchirez-là ! Aussitôt vous devez écrire en suivant le bord déchiré tout ce qui vous passe par la tête, regardez bien les petits détails de la déchirure de très près… Vous écrivez les mots ou les expressions, les phrases qui vous viennent… 
Avec ces idées déjà écrites écrivez un texte sur une autre feuille en ajoutant d’autres mots….

Pour rebondir :
Prenez une autre feuille blanche. Faites-y un trou avec les doigts. Ecrivez autour de ce trou tous les mots qui vous viennent.
Avec ces mots et d’autres écrivez un nouveau texte.
Lisez les deux textes produits.
Entre ces deux textes il y a comme une séparation, comme un trou. Ecrivez sur une feuille les mots qui vous viennent à propos de la séparation des choses entre les deux textes… Avec ces mots ou expressions
Ecrivez un nouveau texte. Affichez.

Pour ne pas rester sec…
Choisissez un mot généreux : ex. la liberté, l’amour, la tendresse, l’amitié, le voyage…
Ecrivez à propos de ce mot tout ce qui vous passe par la tête. Pensez maintenant à l’animal qui représente, qui représenterait, qui habiterait le mieux ce mot … n’écrivez pas son nom mais écrivez avec tous les mots que vous avez – et d’autres – son portrait. Choisissez ensuite un titre.

Pour rebondir :
Choisissez un mot négatif : les exemples sont faciles à trouver…
Ecrivez à propos de ce mot tout ce qui vous passe par la tête. Pensez maintenant à l’animal qui représente, qui représenterait, qui habiterait le mieux ce mot … n’écrivez pas son nom mais écrivez avec tous les mots que vous avez – et d’autres – son portrait. Choisissez ensuite un titre.
Vous avez deux portraits d’animaux… Faites le récit de leur rencontre : violences et insultes ne sont pas à exclure… Humour bienvenu.

Pour ne pas rester sec…
Sur une feuille, listez tous les mots que vous connaissez qui riment avec votre prénom ». (On peut le faire aussi pour son nom de famille, pour un prénom d’une personne qu’on connaît)
Ecrire des phrases commençant par le prénom, finissant par un des mots de la liste.
Ecrire une comptine en commençant par le prénom et sans jamais plus le répéter, en faisant des vers finissant par une rime concernant ce prénom.

Pour rebondir :
Choisissez la comptine d’un voisin, transformez-là en épopée, la plus ronflante possible. Faites de chaque vers de la comptine un long paragraphe racontant une aventure extraordinaire. Conservez si possible un grand nombre de mots de la comptine.
Lectures…. Comptine puis épopée…

Pour ne pas rester sec…
Demandez à votre voisin(e) qui il (ou elle) est. Ecrivez sa réponse. Imaginez une suite en trois phrases. Faites-lui lire ces phrases. Ecrivez ses commentaires… Concluez à deux… ou seul (e)

Pour rebondir :
Continuez à interviewer votre voisin(e). Où il est né, en quelle année, où il a fait ses études, la profession de ses ascendants, à quoi il se destinait et finalement ce qu’il a choisi de faire ou ce qu’il a été obligé de faire. Croisez les interviews.
Ecrivez à partir de ces renseignements une notice biographique sur chacun, mais avec le parti pris d’écrire cette notice comme si elle était faite à propos d’un personnage historique très important. Situez chaque détail dans un contexte historico politique. Cette année là, ce fut le début de la guerre d’Algérie, ou de celle du Koweit, ou de celle des Mallouines… On a inventé la pénicilline !…
Lisez avec assurance : nous sommes tous des personnages historiques !

Pour ne pas rester sec…
Allez toucher un arbre et écrivez tous les mots qui vous viennent…
A partir de ces mots écrivez un texte sur vous et les arbres, ou sur les arbres, ou sur quelqu’un et les arbres…
Vous pouvez aussi imaginer que vous êtes un arbre et que vous parlez à quelqu’un qui passe, en cette nuit de l’écriture, à deux pas de vous, silencieux ou silencieuse…

Pour rebondir :
Vous êtes un nuage, ou une ville, ou un immeuble…
Listez tous les mots qui vous viennent et qui sont des détails à propos d’un nuage, d’un immeuble ou d’une ville.
Ecrivez le dialogue entre ce dernier personnage et l’arbre, utilisez des mots de la liste.
Lisez le premier texte et le second pour en faire un seul.

Pour ne pas rester sec…
Vous êtes d’une certaine façon, et parfois tout le contraire…
Ecrivez un texte commençant par « je suis » et qui dit une chose puis son contraire…
Finissez par un vers qui commence par «  Mais… »

Pour rebondir :
Faites trois colonnes sur une feuille.
Dans la première listez des mots à partir de ce qui vous semble injuste.
Dans la seconde listez des mots à partir de ce qui, selon vous, devrait être changé.
Dans la troisième écrivez des suites à la phrase : « je ne supporte pas »
A partir de cette dernière colonne et en vous aidant d’autres mots de la feuille ainsi travaillée, écrivez une suite au premier texte que vous aviez écrit au début.

Pour ne pas rester sec…
Choisissez une maison …
Visitez là… Si vous ne pouvez pas la visiter, imaginez son intérieur d’après les détails de l’extérieur.
Ecrivez tous les mots qui vous viennent à partir de détails que vous observez dans la maison ou sur ses murs.
Avec tous ces mots et d’autres écrivez un texte.

Pour rebondir :
Vous visitez la cave… ou le grenier…

Pour ne pas rester sec…
Mettez vous à six ou sept ; Ecrivez chacun une phrase tirée d’une chanson. Faites passer votre feuille sur votre gauche au voisin ou à la voisine. qui devra écrire une suite et la faire passer à sa gauche. Pendant ce temps vous écrivez une suite sur la feuille qui vous vient de droite… Cela tourne jusqu’à ce que chacun retrouve son début… Chacun lira au groupe le magnifique texte collectif !

Pour rebondir :
A partir du texte reçu, écrivez un nouveau texte – un poème – qui sera lu aux autres.
Vous pouvez utiliser des mots ou expressions empruntées au texte collectif.

Pour ne pas rester sec…
Vous faites enfin le voyage que vous souhaitiez. Ecrivez des cartes postales à un ou une amie, à quelqu’un de cher, ou encore à quelqu’un que vous ne connaissez pas bien…..

 Pour rebondir :
Envoyez des cartes postales nombreuses :
Pour rendre jaloux vos collègues. Pour inquiéter votre maman.
Pour votre percepteur. Pour le poisson-chat de la voisine.
Pour votre animateur-trice préféré-e d’atelier d’écriture.
Pour vous (contre la solitude du retour). Etc.

Pour ne pas rester sec…
Regardez les gens… Notez les mots qui vous viennent quand vous remarquez des détails sur eux… Regardez la nuit. Notez les mots qui vous viennent…. Mélangez tous ces mots dans un texte en parlant d’une seule personne, ou d’un groupe, ou de la nuit, ou du lieu qui vous entoure…..

Pour rebondir :
Depuis un rêve, regardez la nuit, racontez….

Pour ne pas rester sec…
Autour de vous, s’étendent la forêt immense et la nuit froide… Notez tous les mots et les expressions qui vous viennent en pensant à cela… Puis écrivez un texte avec ces mots et d’autres… Un texte qui parle de vous ou de quelqu’un, un texte qui parle de la nuit ou des landes ….

Pour rebondir :
Ecrivez une légende nocturne.

 

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