Cher-e Secteur-e

J’ai pris beaucoup de plaisir à augmenter, grâce à toi, mon petit fragment de réalité.

Je suis descendue un peu plus profondément dans la grotte où trottent des milliards multipliés par des milliards de signes.

Le code est ce qu’on en fait.
Il est plein de scarabées mordorés.

I000II 000 III00 IOIIO

Nous avons commencé par aligner des petits trous creusés dans la pierre avec un objet pointu.

Nous alignons maintenant des petits trous creusés dans le blanc en les séparant par des objets pointus.

Les deux sont les dents (ce qu’on retrouvera seulement de nous) avec lesquelles nous essayons de mordre dans les couches inférieures, invisibles, inaccessibles, pour en rapporter un succulent morceau.

On peut être certain que les dents vont encore changer de forme. C’est l’évolution.

Mais qui peut penser que nous atteindrons jamais le fond du pot? Parce qu’il est sans fond? Peut-être. Surtout parce que nous inventons de l’obscur à dénouer, sans cesse.

Cher-e Secteur-e,

Tu tiens haut, tu tiens bon la pelle pliante des fouilles dans l’inconnu.

Seule cette taupe insatiable – la création – qui ne peut entrer dans aucune culture sans y créer des trous, des labyrinthes, des tumulus, des strates, des éboulements, des dérangements, rappelle à chaque surgissement qu’on ne peut maîtriser, classer, commander, extraire, évaluer, décrire – sans en payer le prix.

Le prix est bon à payer quand on voit les petits hommes  rire après les papillons de leurs rêves.

Il est mortel s’il annonce seulement l’extinction des feux.

Mais qui donc se méfie de la création?

Domi

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