Archives pour l'étiquette travail de la langue

collectif ôdébi

programmation 2016-2017

« Les textes ont été une nouvelle fois mis en danger, retournés par la pédale de boucle. Quelque chose de nouveau s’est crée dans la perturbation. Les textes lus en direct, ont été enregistrés dans une loop, sur deux pistes distinctes. Envoyer cette matière sonore, en jouant sur les deux pistes, en jouant avec les filtres et les effets, voilà une manière très mécanique de transformer le texte. L’utilisation de la pédale permet une autre écoute. Les mots d’un même texte se retrouvent différés, perturbés, les phrases déconstruites produisent d’autres sens. On retrouve le texte initial, mais avec des débordements. La pédale déconstruit et la part de hasard que génère cette action oblige à écouter autrement le texte en mouvement. L’insistance produite par la répétition des boucles fait entendre des chevauchements de voix, des silences résistants. »

in Cahiers de Poèmes n°74-75, juillet 2016

Naissance du collectif (Lire l’article en entier)
Et pourtant, tous, se sont retrouvés dans les tourbillons de l’improvisation poético-musicalo-corporelle. Un énorme n’importe quoi rempli de perles rares qui ne se vivront qu’une seule fois… De cette rencontre, est né le collectif Ôdébi…

Enjeux du collectif (Lire l’article en entier)
Un collectif artistique commence à voir le jour. Il interroge la poésie vivante par‐ fois turbulente dans sa dimension non maîtrisée, dans la multiplicité des sens, dans son rapport à l’imaginaire. Il interroge l’action culturelle d’ici et maintenant.

Rencontres avec un public

Le travail de la langue

Une première rupture apportée par le secteur écriture a été de considérer l’écriture comme un travail de la langue.  Que veut dire travail de la langue ? Des écrivains tentent d’analyser leurs propres pratiques et de nous en livrer quelques clefs.

Intervention d’Yves Béal sur la question :
Le travail de la langue

Les contraintes

Réécrire

Michel Cosem (Lire l’article « La poésie à l’école » )
Tout d’abord il faut bien se convaincre que la poésie se fait avec des mots, des images, des métaphores et non avec des idées et des symboles. Elle n’est pas un langage mort, bien au contraire, et elle permet toutes les recherches et les transformations possibles. Et c’est parce que parfois on se heurte à des résistances que la poésie nous permet de prendre conscience du travail de la langue. C’est cette vie et ce travail qui nous importent le plus et l’on en situera mieux l’importance lorsque l’on aura rappelé que, selon Wallon, c’est dans le langage que se forme la personnalité de l’être humain. (in réconcilier poésie et pédagogie, 1991)

Pierre Colin (Lire l’article « Le temps d’écrire »  )
La langue est aussi -et toujours- porteuse de fiction, de « sens du sujet », d’imaginaire (Gerald Holton cite « l’usage des métaphores, cette figure style est par excellence le lieu de l’énigme, où le sujet s’occulte, le lieu de la mise en jeu du moi véritable dans la langue, au-delà des rituels mensongers de l’énonciation usuelle).
A l’écrit, le travail de la langue joue un rôle essentiel, par les retours qu’il permet sur la production, par l’usage de la rature -le statut de l’erreur est ici source de création- par le temps, vécu différemment, intégrant davantage les allers-retours dans le passé, ou l’avenir (les temps mêmes sont spécifiques), par des figures plus nombreuses (métaphores plus élaborées) porteuses des désirs du sujet ; métonymies, (plutôt chargées d’idéologie). D’autre part à l’écrit, la résistance du matériau même, son inscription dans l’espace, la gestuelle du corps entier -qui fait alors du signifiant un objet erratique du désir, cette distance en somme, cette trace, en font le territoire d’une rencontre infinie.  (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)

Pierre Colin (Lire l’article « Désir d’écrire, écriture du désir » )
Je cherche à circonscrire ce qui n’est pas encore nommé: ce qui ne peut être nommé, sous peine de mort immédiate du sens: si je dis, c’est pour approcher ce qui se donne au centre comme un rien. C’est ce rien que je ne peux connaître et que mes mots encerclent. Non des mots, mais plutôt un souffle, un rythme singulier, des sons, mieux, des phonèmes, qui insistent, se cherchent, s’assemblent, dans le plaisir, le déplaisir, se heurtent, s’enchevêtrent, s’anéantissent, se superposent, se recouvrent, fusionnent.
Quelque chose de biologique, comme des liquides lourds s’enroulant, se mêlant, se repoussant; tout cela n’aspire qu’à se faire mot, signifiant flou, encore indéterminé, comme une matière qui est prête à se faire sens, mais cherche encore une plus grande proximité de ce rien qui l’attire et en même temps la repousse. Et je sais bien qu’ il faut appeler cela « désir ». Un désir sans objet, sans nom, dont je m’approche et qui se dérobe, encore, toujours…  (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)

Jackie Saint-Jean (Lire l’article « Suppose que tes yeux soient myrtille » )
Plaisir du tracé dans l’espace[…] Plaisir aussi d’explorer les mots, leur forme graphique ou sonore, leur  »corps », leur dérives. Rythmes et sons s’en donnent à cœur joie, mimétiques, parodiques… Multiples sont les métaphores opérant leurs métamorphoses simples ou complexes :  »les mots sont des corbeaux »,  »le soleil chante sous la nuit ».[…]
Si le désir d’écrire précède ici le savoir écrire, […] ici s’inscrit l’intense désir de communiquer : appel à l’autre, demande d’amour, invitation à répondre, poursuivre, inventer, croyance au pouvoir de la parole qui séduit, engage, relie.   (in « l’atelier d’écriture, le pouvoir d’écrire », 1993)